Cultures tardives
Tandis que les récoltes des légumes d'été approchent de leur fin ent en attendant la maturité des potirons et autres courges, il est toujours temps de s'activer au jardin pour les derniers semis.
C'est le cas notemment de la mâche dont on peut étaler les semis d'aout à octobre pour une récolte d'autome et d'hiver. De nombreuses autres cultures sont possibles et j'ai pu tester avec succès la roquette, le navet, le radis noir, le persil, les épinards et les fèves.
Fidèle à mon habitude, j'effectue des semis en plaques disposées à l'abri des limaces et autres casse-pieds ! Cette méthode est aussi pratique pour densifier les plantations et profiter pleinement de l'espace disponible.
La mache est présente au jardin de la fin septembre à mars.
les radis noirs arrivent à une taille raisonnable fin novembre
En cette période, les navets ne présentent quasiment aucune attaques d'altises et ne sont pas verreux contrairement au printemps.
Le climat parisien permet généralement les semis de fèves comme dans le sud de la France. Un bon paillage et éventuellement un voile de forçage pour les jours de gel permettent de passer les rigueur de l'hiver.
Les plants laissés en place fleuriront au printemps pour le plus grand plaisir des yeux et des nombreux pollinisateurs affamés à la sortie de l'hiver.
féve d'Aguadulce
navet
Voila de quoi compléter les abondantes récoltes d'automne et passer un hiver plein de vitamines et de fraicheur !
Limaces et campagnols, des locataires indésirables ?
Qui n'a pas bondi face aux dégâts occasionnés sur leur cultures chéries par les nombreux "ravageurs" qui s'invitent dans votre jardin ?
Pour ma part, les altises perforent toutes les crucifères au printemps. Les oiseaux, pigeons et autres, broutent au hasard mâches, persils, salades ou navets. Les écureuils dépouillent mes noisetiers et des lapins parcourent mes plantations. Tous ces petits animaux s'invitent au jardin et j'observe régulièrement que ces derniers profitent pleinement de ce garde-manger providentiel.
Certains de ces habitants ne sont visbles que par leurs dégâts, c'est le cas du campagnol ou rat taupier (Arvicola amphibius) qui vit essentiellement sous terre. Il creuse des galeries en permanence, dérangeant les plantations et les dévorant quand elles sont à son goût.
bette mangée par la racine
les campagnols raffolent de mes betteraves
Concrètement, il est impossible de se débarrasser de ce petit animal. Les pièges ou le poison semblent être des luttes incessantes. Les moyens de luttes naturels peuvent peut-être limiter la population. J'ai la chance d'avoir un bois quasiment pas entretenu collé à mon jardin qui offre un refuge idéal pour les chouettes, hibous et renards et autres petits prédateurs. Je compte, en plus de quelques fruitiers présents dans le jardin, installer des perchoirs pour favoriser la prédation. Des purins répulsifs sont également préconisés et j'ai testé une préparation à base de feuilles de sureau. Expérience à poursuivre. J'essaye également d'obturer les trous d'évacuation avec des bouts de bois et de détruire les galeries. Cela surtout pour combler les vides dans le sol. Je préserve également l'euphorbe épurge citée comme répulsif naturel.
Euphorbe épurge censée repousser les campagnols
Toutes ces actions confrontées à mes observations me conduisent à penser qu'il faut surtout considérer les campagnols comme des habitants légitimes de cet écosystème. Après tout, ils travaillent et enrichissent le sol de manière écologique à moindre frais.
D'autres petites bestioles se laissent admirer sans difficulté, sans doute à cause de leur lenteur. C'est l'un des pires cauchemeards du jardinier : la limace.
Limace rouge ou grande loche (Arion rufus)
La limace est très vorace et s'attaque à un bon nombre de végétaux. Si votre jardin est très entretenu, débarassé des herbes spontannées (mauvaises herbes) et que le sol est biné et non paillé, vous limitez les abris potentiels de cette bestiole. Mais vous lui offrez comme seul repas vos plantations. Finalement, elle se planque dans vos plants et rien ne l'incite à se déplacer dans le désert que vous avez mis en place.
Limace dégustant une fleur de courgette
une tomate
une fleur de tournesol
A l'inverse, en ne pratiquant pas un désherbage effrené, les limaces se contentent souvent de ce qu'elles rencontrent sur leur chemin. Elles se balladent dans le jardin et ne s'attardent pas nécessairement sur une plante isolée qui lui offre l'unique gîte et couvert à des mètres alentours. Elles trouvent des abris un peu partout notament dans les trous laissés par les campagnols.
les limaces apprécient aussi les feuilles d'orties
les fleurs d'asteracées, ici une Picride fausse vipérine (Helminthotheca echioides)
Le compostage direct, notament les épluchures disséminées aux pieds des cultures offrent également un repas fort apprécié des limaces. Celle-ci se gavent et doivent donc avoir moins d'appétit pour vos plantes.
Vous l'aurez compris, il est une fois de plus difficile d'éliminer les limaces sans employer de produits chimiques ou biologiques et autres pièges à bière. Des méthodes consistant à déposer un paillage rendant la progression des limaces difficiles sont aussi possible : coquilles d'oeufs, cendres, marc de café ... Ces techniques alternatives peuvent s'avérer très utiles pour les jeunes plantations.
En cette période de fin d'été, avec le retour de l'humidité et la chaleur, les limaces sont très actives. Elles sont partout dans le jardin. Il peut être interressant de les ramasser et les déposer loin de vos cultures. D'autant plus que, comme j'ai pu l'observer, les limaces semblent profiter de ce temps, radieux pour elles, afin de se reproduire. Il ne fait aucun doute, qu'elles en profiteront pour installer leurs progéniteurs dans votre jardin.
limaces en plein ébats
Enfin, on peut également sur les nombreux prédateurs naturels tels que les hérissons et les des oiseaux, à condition de ne pas utiliser de produits chimiques. Un autre prédateur moins connu parasite également les limaces, les puces.
limace à l'agonie parasitée par des puces
Mais une fois de plus, il est évident que rien n'empêchera les limaces d'exister et de prospérer au jardin. A vrai dire, lutter contre un quelconque habitant du jardin, c'est lutter contre la nature. Vaste tâche dont on connaît évidement l'issue.
Tous les êtres vivants qui peuplent mon jardin,
ne sont pas des locataires indésirables.
Ils sont les propriétaires de ces lieux et je suis leur hôte,
en échange je leur fait la cuisine.
La butte de culture façon Ptikayu
Une des alternatives au labour, bêche ou motoculteur, c'est la butte !
Une butte c'est quoi ?
Et bien cela peut-être un simple tas de terre. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? J'ai déjà fait allusion à Philip Forrer et son jardin du Graal qui a largement contribué par vidéos interposées au changement radical de ma pratique du jardinage. La culture sur buttes fait partie des techniques préconisées par Philip Forrer ainsi que par de nombreux "permaculteurs". On peut trouver sur le net une multitude d'exemples de buttes de culture.
En résumé, une butte est généralement composée de plusieurs couches de matières organiques fraîches (azotées) et sèches (carbonées) en alternance recouvertes d'une couche de terre puis constamment paillée. Afin d'accèder aisément de chaque côtés de la butt, il est préférable que la largeur de la butte n'exède pas les 1 mètres 20.
une butte ça sert à quoi ?
Le principal avantage pour moi, réside dans le fait de ne plus avoir à travailler le sol et de maintenir une fertilité permanente de celui-ci. Les couches entreposées et le compostage direct ou paillage favorisent l'activité biologique du sol. La vie microbienne (bactéries), les mycorhizes (champignons) la micro faune (décomposeurs), et la faune (taupes et campagnols) agradent le sol en dégradant la matière organique. La végétation spontanée comme celle cultivée "travaillent" également le sol avec leur racines qui finiront par "nourrir" le sol.*
La forme de la butte ainsi que le paillage jouent un rôle important en limitant le tassement du sol, favorisant l'écoulement et limitant l'effet de "battance" lors des pluies.
Un autre avantage important, induit par les deux premiers, c'est la possibilité d'une culture permanente. En effet l'absence de préparation du sol permet de semer ou de planter sans attendre dans les espaces libérés au fil des cueillettes. L'alternance des cultures, parfois d'engrais vert et le dépôt permanent de matières organiques permettent de ne pas épuiser le sol.
Bien sûr, les partisans de la culture sur buttes ont su trouver de nombreux avantages à cette méthode. En voici un inventaire non exhaustif :
-
augmentation de la surface en fonction de la hauteur de la butte.
- création de micro-climats (ensoleillé, ombragé, abrité du vent) en fonction de l'orientation de la butte.
- création de conditions particulières : sol plus sec en haut qu'en bas de la butte.
- Mise en place de cultures associées facilitées.
- hauteur des plantations facilitant le travail.
- limitation des besoins en eaux par le paillage ainsi que par la présence de matière en décomposition au coeur de la butte.
- ...
Butte en construction en mars 2017. Une partie est déjà occupée par de la mâche plantée à l'automne précédent. Au fond les différentes couches : terre, fumier de basse-cour, bois. Au premier plan, une partie de la matière première.
comment faire une butte ?
Faire une butte surtout si elle est constituée de couches demande un certain effort. Se procurer les matières n'est pas une mince affaire. Si en plus vous ne disposez pas de terre pour couvrir vos couches, le travail devient bien plus pénible qu'un simple bêchage. En effet, il devient alors nécessaire de décaisser pour réserver la terre nécessaire à la couche finale. c'est l'option que j'ai choisie. Une autre méthode consiste à utiliser la terre des allées pour recouvrir les couches.
Ma première réalisation a démarré pendant l'hiver 2015 pour s'achever au printemps 2017. La fabrication ne s'est pas faite à flux tendu mais par étapes successives me permettant de cultiver les parties achevées sans délais.
Cette butte a permis des récoltes de betteraves, de haricots à écosser, de maïs, de mâches et de roquettes en 2016 puis de pois et de fraises au printemps 2017. Des oignons, des concombres, des carottes et des poireaux seront à récoltés de l'été à l'hiver.
Etapes de réalisation de ma butte de culture.
La terre est décaissée sur une profondeur d'un fer de bêche et réservée sur les côtés. Les mottes enherbées sont laissées au fond de la fosse.
Du bois en décomposition, débarassé de sa lignine constitue constitue une des matières principales matières de la première partie de cette butte. Cette matière, essentiellement composée de cellulose améliore la rétention en eau et apporte sert de repas à de multiples décomposeur.
Une quantité très importante de matières organiques est nécessaire à la réalisation d'une butte de culture. Ici, le bois, la paille et les branchages représentent un petit échantillon utilisé pour environ une longueur de 6 mètres.
Le bois décomposé est déposé au fond de la fosse.
Les branchages sont broyés à la tondeuse et déposé en deuxième couche. Ce mélange de bois décomposé et de bois frais constitue une partie essentielle de la butte. Le volume et le rapport entre le bois frais et le bois décomposé ne doivent pas être négligé. Au risque de voir la butte s'effondrer dès la première année. Cela sera le cas pour cette partie, la matière s'étant décomposée trop rapidement.
Une couche de 30 cm de fumier de basse-cour pour poursuivre. Ne pas oublier de tasser la matière en la piétinant.
On ajoute 30 cm d'herbes fraîchement fauchées, puis une autre couche de fumier et d'herbe. Comme pour un compost, le rapport matière carbonée et azotée est recherché.
La terre recouvre toutes ces couches sur une épaisseur moyenne de 30 cm. La butte est désormais prête à être cultivée. Un paillage devra constamment être mis en place.
Haricots rames, maïs et betteraves en 2016.
Cette pemière partie composé de bois en décomposition et d'autres matériaux rapidement dégradables a provoqué un affaissement précoce. Un apport de bois frais a donc été nécessaire au cours de l'hiver 2017.
Pour la deuxième partie de la butte, réalisée au cours de l'hiver 2017, la fosse a été remplie de bois frais et secs. D'abord par de gros morceaux débités à la tronçonneuse, puis de plus petites section au sécateur de force.
Cette fois-ci, la fosse est entièrement remplie de bois frais et secs débités en morceaux de tailles variables.
Puis recouvertes dune épaisse couche de fumier de basse-cour.
Une fois la terre mise en place, la butte est immédiatement mise en culture. Ici de la mâche au cours de l'automne 2016.
Cette butte, en forme de point d'interrogation, a une longueur finale d'environ 20 m pour 1m20 de large et une hauteur de 20 à 30 cm.
Elle accueille toutes sortes de plantations : légumes, aromatiques, greffes d'arbustes, fleurs vivaces, vigne ... En semis ou en plants, les cultures s'y succèdent au fil des saisons sans nécessiter le moindre travail du sol. Le principal désherbage est effectué lors des nouvelles plantations ou semis.
Après deux ans de culture, le résultat est plutôt positif. La qualité de la terre s'est améliorer. L'argile collante par temps humide et dure comme la pierre par temps sec est devenue plus souple et friable. La couleur s'est assombrie et la vie grouille.
Je constate tout de même que ma butte à tendance à s'affaisser assez rapidement malgré l'emploi plus important de bois dur. Je recommande donc fortement d'employer encore plus de bois en montant la première couche au-dessus du niveau des allées.
La butte au fil des saisons
La saison 2017 a permis une pleine exploitation de cette nouvelle surface. Les promesses sont tenues, le travail du sol devient inutile et toutes sortes de cultures peuvent être mise en place rapidement. Sur quelques dizaines de mètres carrés une grande variété de légumes sont cultivés comme en témoignent les photos qui suivent.
haricots rames
poireaux, radis noirs et choux
betteraves, oignons et fraisiers
basilic, coraindre et persil
comcombres
et enfin ma première réussite de carotte dans un sol sans préparation.
Celle-ci est un peu fourchue, ce n'est pas représentatif de ma jolie récolte.
passage de la grelinette au début de l'automne pour retirer la végétation spontanée et le reste des cultutres mises en compostage direct aux pieds des arbres et d'autres plantations.
Lle sol vivant
quelques graines d'un mélange d'engrais verts concoctées par une entreprise dont le catalogue vaut le détours.
GERMINANCE existe depuis une vingtaine d'années et a mis en place un réseau d'une vingtaine de producteurs de semences biologiques. dont près des deux tiers pratiquent la biodynamie et ont la marque Demeter.
https://www.germinance.com
Et voici ma butte habillée pour l'hiver !